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L’intégration continentale sous le prisme de l’université tunisienne, La ZLECAf : levier de gouvernance économique et politique en Afrique

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« La Tunisie, porte de l’Afrique » — cette expression revient souvent dans les milieux économiques tunisiens, où l’on considère que le continent africain représente une terre d’opportunités et de potentialités économiques illimitées : un espace ouvert au monde, prêt à accueillir de nouveaux échanges commerciaux et à stimuler les exportations africaines. Le principal défi pour la Tunisie réside dans sa capacité à tirer le meilleur parti de ces opportunités, au regard du potentiel commercial et d’investissement que recèle le continent, dans un contexte où de multiples acteurs cherchent à « conquérir » le marché africain. 

Dans cette perspective, le renforcement de l’intégration régionale est devenu un pilier des nouvelles orientations stratégiques de la Tunisie sur le plan économique. L’adhésion du pays à l’Accord établissant la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) illustre clairement ce choix. Cet accord constitue la fondation du plus vaste bloc commercial au monde, regroupant 54 États et dont la population atteindra environ 2,5 milliards d’habitants d’ici 2050. 

La ZLECAf, projet phare de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, a été adoptée le 21 mars 2018 et est entrée en vigueur le 30 mai 2019. La Tunisie a déposé ses instruments de ratification le 27 novembre 2020, devenant ainsi membre à part entière. Le Parlement tunisien avait adopté, le 22 juillet 2020, la loi fondamentale approuvant l’accord à l’unanimité, après un rejet initial en mars de la même année, qui avait suscité de vifs débats dans les milieux économiques. 

Malgré l’importance stratégique de cette adhésion et ses implications pour les relations tuniso-africaines, la ZLECAf n’a pas suscité en Tunisie un débat public approfondi ni une réflexion académique proportionnelle à ses enjeux. Pourtant, elle s’impose comme un projet de gouvernance continentale majeur, au croisement de l’économie, de la politique et du droit. 

Le 1er janvier 2021, les échanges commerciaux dans le cadre de la ZLECAf ont officiellement commencé. Au-delà de la libéralisation des échanges, l’accord ambitionne de reconfigurer les structures de gouvernance économique africaine, d’encourager une coordination régionale accrue et de renforcer la capacité du continent à parler d’une seule voix dans les instances internationales. 

Cependant, la croyance selon laquelle la libéralisation commerciale se traduit automatiquement par la croissance et la stabilité doit être interrogée. La vision néolibérale dominante du commerce et de l’investissement, qui guide encore largement les politiques de coopération, mérite une relecture critique à l’aune des réalités africaines. Les échecs partiels des projets d’intégration régionale — du Maghreb arabe à certaines communautés économiques régionales (CERs) — rappellent la nécessité d’une approche endogène, inclusive et cohérente. 

Dans ce contexte, la ZLECAf peut devenir un véritable levier de gouvernance économique et politique africaine, à condition d’en repenser les fondements. Elle offre l’opportunité de : 

  • renforcer la coopération entre institutions nationales et africaines ; 

  • promouvoir une intégration politique fondée sur la solidarité économique ; 

  • replacer la question du développement et de la souveraineté économique au centre du projet continental. 

Mais pour atteindre ces ambitions, il est essentiel d’ancrer le débat dans les espaces académiques et citoyens. L’université tunisienne, en particulier, peut jouer un rôle central dans cette dynamique de réflexion, d’influence et de production de savoirs sur la gouvernance africaine émergente. 

 

 

 

Détails

Date de déroulement: 
Lundi, novembre 10, 2025 - 09:00 to 12:30

L'atelier collaboratif est en cours